Le président américain Donald Trump a annoncé une suspension de 90 jours des financements internationaux, plongeant le Mali dans l’incertitude. Ce pays, déjà fragilisé par des crises sécuritaires et socio-économiques, dépend largement de l’aide américaine pour des programmes vitaux : lutte contre la malnutrition, accès à l’éducation des filles en zones rurales, et campagnes de santé publique (paludisme, VIH/sida). Une interruption prolongée de ces fonds risquerait de priver des milliers de Maliens vulnérables de services essentiels, aggravant une situation humanitaire déjà critique.
Sur le plan géopolitique, cette décision pourrait accélérer le repositionnement du Mali vers d’autres partenaires, comme la Russie ou la Chine, qui renforcent leur influence en Afrique via des accords sécuritaires ou miniers. Ce réalignement inquiète les acteurs occidentaux, alors que Bamako critique régulièrement l’ingérence de ses anciens alliés. Les États-Unis, en gelant leur aide, risquent ainsi de perdre un levier clé dans une région stratégique, au profit de puissances rivales.
Face à ce manque de financements, les autorités maliennes tentent de mobiliser des ressources internes ou de solliciter d’autres bailleurs (UE, Banque mondiale, pays arabes). Toutefois, ces alternatives semblent insuffisantes dans un contexte de pauvreté endémique. Les ONG redoutent un « désastre en cascade » si la suspension dépasse 90 jours, avec des conséquences durables sur le développement.
Au-delà du Mali, cette mesure interroge la fiabilité des engagements américains en Afrique, où Washington rivalise avec Moscou et Pékin. Si Trump justifie cette pause par une « réévaluation des priorités », elle pourrait marquer un recul de l’influence américaine sur le continent. Les prochains mois révéleront si cette suspension est une parenthèse ou l’amorce d’un retrait durable, laissant le Mali et d’autres pays africains naviguer dans un paysage international de plus en plus imprévisible.