Mahmoud Dicko, imam influent et acteur clé de la politique malienne, prépare son retour au pays depuis l’Algérie, annoncé pour le 14 février. Cette réapparition relance les spéculations sur son rôle dans un contexte où la junte au pouvoir affronte une crise multidimensionnelle. La question plane : l’homme religieux représente-t-il toujours une menace pour les autorités en place ?
Une figure historique de la contestation
Dicko s’est imposé comme un pilier des mobilisations de 2020 ayant conduit à la déposition d’Ibrahim Boubacar Keïta. Porté par son charisme et son ancrage religieux, il incarne, pour ses partisans, une voix intransigeante contre la corruption et l’insécurité. Son absence prolongée en Algérie avait alimenté les rumeurs : retrait volontaire ou exil tactique face aux tensions avec la junte ?
Un contexte politique explosif
Son retour intervient dans un climat tendu. Le régime militaire, déjà fragilisé par la persistance des attaques terroristes et des sanctions économiques étouffantes, tente de consolider son pouvoir en vue des élections de 2025. La réinsertion de Dicko dans l’arène publique pourrait dynamiter ce fragile équilibre. Connu pour ses critiques acerbes contre la transition, qu’il juge éloignée des aspirations populaires, l’imam risque de réveiller les mobilisations.
Un duel d’influence à haut risque
Si la junte redoute sa capacité à fédérer les mécontentements, agir ouvertement contre lui comporte des dangers. Toute répression brutale pourrait transformer Dicko en symbole de résistance, renforçant son aura. De son côté, l’imam devra surmonter des écueils : son retrait a-t-il érodé son réseau ? Son discours critique suffira-t-il face à une population exigeant des solutions concrètes à la crise socio-économique ?
Entre espoirs et incertitudes
Ce retour place le régime face à un dilemme : tolérer une opposition incarnée ou risquer l’escalade. Pour Dicko, l’enjeu sera de transformer son influence spirituelle en leadership politique tangible. Qu’il devienne un catalyseur de changement ou un épisode de plus dans la crise malienne, son arrivée marquera un tournant, sous le regard attentif d’une population lasse des promesses non tenues.
Une certitude : son come-back électrise déjà les débats, reflétant les attentes d’un pays en quête de stabilité.