Quelques jours après la destitution de Dramane Coulibaly de la direction de la Société malienne de gestion de l’eau potable (SOMAGEP SA), un rapport de vérification financière a été publié, révélant des irrégularités administratives et financières alarmantes. Ce document met en lumière des pratiques de gestion douteuses qui relèvent soit d’un grave manque de compétence, soit d’un véritable sabotage des ressources publiques.
Une lutte contre la corruption encore mise à l’épreuve
Malgré les engagements pris sous la transition pour endiguer la corruption, ce fléau semble toujours enraciné dans les pratiques de gestion publique. La SOMAGEP illustre parfaitement cette dérive, alors même que son ancien Directeur Général était réputé intègre, notamment lors de son passage à la tête d’EDM-SA, l’entreprise chargée de la fourniture d’électricité.
Le rapport du Bureau du Vérificateur Général, rendu public en mars 2025 et couvrant la période 2021-2024 (jusqu’au 30 avril), dévoile un trou financier de 1,7 milliard FCFA (1 708 042 238 F). Sur ce montant, seuls 83 117 770 FCFA ont été régularisés, laissant un solde inexpliqué de 1,6 milliard FCFA (1 624 924 468 F). Ces irrégularités concernent le non-versement de droits de timbre encaissés, l’omission de retenue à la source de la TVA, le non-paiement des impôts et taxes, le règlement de marchés sans exiger la redevance de régulation, la non-déclaration de l’impôt sur le revenu des valeurs mobilières et l’absence d’application des pénalités de retard sur les marchés.
Des augmentations salariales illégales
Parmi les anomalies relevées, une irrégularité majeure concerne l’augmentation indue des salaires. Selon le rapport, le Directeur Général de l’époque, Dramane Coulibaly, et le Directeur Financier et Comptable de la SOMAGEP ont procédé à des hausses salariales sans base légale. Le montant total de ces augmentations irrégulières s’élève à 259 814 500 FCFA, dont 32 485 500 FCFA pour le Directeur Général, 868 000 FCFA pour le Directeur Général Adjoint et 226 461 000 FCFA pour les autres cadres dirigeants.
Des taxes et impôts non versés
Le rapport détaille également de nombreuses anomalies fiscales. La SOMAGEP aurait perçu 553 249 949 FCFA de droits de timbre sans jamais les reverser à l’État. De même, 76 232 194 FCFA de TVA n’ont pas été versés aux services fiscaux, et l’impôt sur les bénéfices industriels et commerciaux, d’un montant de 106 600 748 FCFA, n’a pas été acquitté.
Des projets de forage non conformes
Un autre volet du rapport concerne la réalisation de forages d’eau potable, qui se sont révélés inutilisables en raison de graves défaillances techniques. Les commissions de réception des travaux ont validé des infrastructures non conformes aux normes en vigueur. En conséquence, plusieurs forages situés à Sangarébougou-Marseille, Kouloubleni, Dioila, Fana, Naréna et Ségou sont inexploitables. Le coût des irrégularités liées à ces forages est estimé à 86 809 650 FCFA.
Un scandale aux lourdes conséquences
Ces irrégularités mettent en lumière un manque criant de responsabilité de la part des dirigeants de la SOMAGEP. Alors que de nombreuses populations souffrent de pénuries d’eau potable, notamment en période de forte chaleur, les fonds destinés à l’amélioration des infrastructures sont dilapidés. Ce scandale pose une fois de plus la question de l’impunité des gestionnaires publics et de l’urgence de renforcer les mécanismes de contrôle et de transparence dans la gestion des entreprises publiques au Mali.
Alors que les responsabilités sont désormais clairement établies, il reste à voir quelles mesures seront prises par les autorités pour sanctionner les fautifs et mettre fin à ces pratiques qui freinent le développement du pays.







