La commission de rédaction du projet de la Charte de la paix et de la réconciliation nationale a organisé, ce lundi après-midi, une rencontre avec la société civile malienne dans le cadre des consultations nationales. Lors de cette session, Ousmane Issoufi Maïga, ancien Premier ministre et président de ladite commission, a insisté sur l’importance d’une mobilisation collective pour restaurer un tissu social mis à rude épreuve par les crises successives.
C’est dans la salle Balla Moussa Keïta du Centre International de Conférences de Bamako (CICB) que s’est déroulée cette rencontre. Cependant, la faible mobilisation de la société civile a suscité des interrogations, d’autant plus que les organisations concernées avaient été officiellement conviées. Selon Hamane Touré, alias « Serpent », la société civile se sent souvent marginalisée et insuffisamment impliquée dans les prises de décision.
Face à ces inquiétudes, la commission a tenu à rassurer les participants quant à l’inclusivité du processus. Elle a rappelé que la rencontre avait justement pour but d’écouter et d’intégrer les contributions de la société civile afin de combler les lacunes du passé. Sur le plan juridique, il a été précisé que la Charte de la paix servira de document de référence pour toutes les initiatives visant la cohésion sociale, la stabilité et la sécurité du pays.
Dans son allocution, Ousmane Issoufi Maïga a rappelé que cette charte s’inscrit dans la continuité du Dialogue inter-malien et fait suite à l’annonce par le chef de l’État de la caducité de l’Accord d’Alger. Il a souligné que l’insécurité persistante est le fait de Maliens ayant pris les armes contre leurs propres concitoyens. « Des erreurs ont été commises de part et d’autre. Il est temps de les reconnaître et de se pardonner pour aller de l’avant », a-t-il déclaré.
L’ancien Premier ministre a également mis en exergue le rôle crucial de la société civile dans la réconciliation nationale. « L’armée fait son travail, mais elle ne peut à elle seule garantir la paix. La société civile doit s’investir davantage, car rien ne se bâtit sans la paix », a-t-il insisté. Il a déploré le fait que les mêmes questions reviennent de manière récurrente : « À quand la paix ? Avec qui se réconcilier ? » Pour lui, si ces interrogations persistent, c’est que les efforts pour rétablir la paix restent insuffisants.
Il a appelé à une prise de conscience collective, affirmant que seul un engagement sincère des Maliens permettra de franchir un cap décisif vers la réconciliation. « Tant que nous ne changeons pas de méthode et que nous ne nous engageons pas résolument dans un processus de réconciliation, nous resterons dans l’impasse », a-t-il averti. Pour garantir la pérennité de cette charte, il a annoncé qu’elle serait intégrée au programme éducatif, évitant ainsi qu’elle ne soit reléguée aux oubliettes.
La rencontre s’est achevée sur une note d’engagement mutuel, avec la promesse de nouvelles consultations pour affiner le contenu de la charte et assurer son adoption par toutes les composantes de la nation.