Du 10 au 21 mars 2025, la capitale malienne abrite la 55ᵉ session ordinaire du Comité Interparlementaire de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (CIP-UEMOA). Cet événement réunit les parlementaires des huit États membres : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo.
Les discussions portent principalement sur l’examen du rapport annuel 2024, qui analyse les évolutions institutionnelles et économiques de l’Union, ainsi que sur des questions monétaires cruciales, notamment la transition vers l’Eco, future monnaie unique de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
Une cérémonie d’ouverture marquée par des discours forts
La session s’est ouverte le 10 mars à l’hôtel Salam de Bamako en présence de plusieurs personnalités de haut rang. Hamèye Founè Mahalmadane, 4ᵉ vice-président du Conseil national de transition (CNT) du Mali, a représenté le président du CNT, le général de corps d’armée Malick Diaw. Dans son discours inaugural, il a mis en avant l’importance de cette session pour renforcer la coopération parlementaire au sein de l’UEMOA.
Abdoul Magid Ag Mohamed Ahmed, vice-président du CIP-UEMOA, a salué l’hospitalité du Mali et exprimé ses espoirs quant à la portée des débats et recommandations qui émergeront de cette session.
Des débats stratégiques pour l’avenir de l’Union
Les parlementaires examinent plusieurs thématiques stratégiques, notamment :
- L’évaluation des avancées en matière de réformes économiques et institutionnelles.
- La transition vers l’Eco, dont la mise en circulation est prévue en 2027, avec les ajustements monétaires et financiers requis pour les États membres.
- Le renouvellement des instances dirigeantes du CIP-UEMOA, avec l’installation d’un président par intérim et l’intégration de nouveaux membres du Burkina Faso et du Sénégal.
- La mise en place de mécanismes de suivi des recommandations des sessions précédentes afin d’assurer une application effective des décisions prises.
Hamèye Founè Mahalmadane a exprimé son optimisme quant aux conclusions des travaux : « Je reste confiant que des propositions et recommandations pertinentes sortiront de ces discussions, animées d’un esprit de convivialité et de cohésion. » Il a réaffirmé l’engagement des États membres en faveur de l’intégration régionale, de la paix et du développement, objectifs poursuivis par l’UEMOA depuis plus de trois décennies.
Le CIP-UEMOA, un acteur essentiel de l’intégration régionale
Depuis sa création en 1998, le CIP-UEMOA joue un rôle central dans l’implication des parlements nationaux dans la gouvernance de l’Union. Il regroupe 40 parlementaires, soit 5 par État membre, et a son siège à Bamako. Il contribue activement à la consolidation de l’intégration économique et à la promotion de la coopération interparlementaire.
En 2024, l’UEMOA a enregistré une reprise économique significative. Selon la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), le Produit Intérieur Brut (PIB) réel de l’Union a progressé de 5,3 % au deuxième trimestre 2024, contre 5,0 % le trimestre précédent. Cette croissance a été stimulée par les industries extractives au Niger et au Sénégal, ainsi que par la résilience du secteur agricole. Toutefois, l’inflation a atteint 4,1 %, en hausse par rapport aux 2,9 % enregistrés précédemment, en raison de la flambée des prix alimentaires et des coûts du logement.
Une transition monétaire en ligne de mire
La transition vers l’Eco est un sujet clé des discussions. Depuis l’annonce en 2019 de la fin du franc CFA au profit de l’Eco, plusieurs étapes ont été franchies :
- En 2020, la France a entériné la réforme, mettant fin à l’obligation pour la BCEAO de déposer la moitié de ses réserves de change au Trésor français.
- La mise en circulation de l’Eco, initialement prévue pour 2020, a été reportée en raison de la COVID-19 et des défis économiques qui en ont découlé.
- En juin 2021, les chefs d’État de la Cédéao ont adopté une feuille de route visant un lancement en 2027.
Toutefois, une incertitude demeure concernant le sort des pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES), qui se sont retirés de la Cédéao. Leur participation à cette nouvelle monnaie unique soulève des interrogations.
La 55ᵉ session du CIP-UEMOA se tient à un moment décisif pour l’Union. Les décisions prises au cours de ces assises auront un impact majeur sur l’avenir économique et monétaire de la région. Les parlementaires devront formuler des recommandations pour assurer une transition réussie vers l’Eco, renforcer l’intégration régionale et promouvoir une croissance durable et inclusive.