La crise financière qui avait secoué l’enseignement catholique au Mali refait surface. Depuis le jeudi 20 février, le Syndicat National de l’Enseignement Catholique a entamé une grève illimitée en raison du non-paiement des salaires. Cette situation compromet sérieusement l’accord fragile conclu entre l’Église catholique et l’État malien au début de l’année scolaire.
Dans plusieurs établissements, à l’image de l’école Sainte Kizito de Lafiabougou à Bamako, les salles de classe sont vides. Le personnel enseignant, réuni sous la bannière syndicale, dénonce des arriérés de salaire de deux mois et l’absence de versement des allocations familiales. « Nous avons cessé le travail car nous n’avons pas été payés depuis des semaines », confie un enseignant sous couvert d’anonymat.
Cette situation exaspère les parents d’élèves, d’autant que les frais de scolarité avaient été augmentés en début d’année pour tenter de pallier les difficultés financières des écoles catholiques. Pourtant, les enseignants restent sans solde, et les cotisations prélevées pour l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO) ne leur donnent plus accès aux soins. « Nos droits AMO sont suspendus depuis l’année dernière », regrette un autre enseignant.
Selon nos sources, cette crise trouve son origine dans le non-respect des engagements de l’État. En début d’année scolaire, le gouvernement avait initialement suspendu la subvention destinée à l’enseignement catholique, avant de revenir sur sa décision en garantissant la poursuite du financement. Pourtant, les décaissements tardent, plongeant les écoles dans une crise financière aiguë. L’État malien finance à hauteur de 80 % la masse salariale des enseignants catholiques, mais les retards de paiement mettent en péril le bon fonctionnement des diocèses et la pérennité des écoles.
L’enseignement catholique malien traverse ainsi l’une de ses pires crises depuis sa création en 1889 à Kita par les missionnaires catholiques. L’épisode rappelle la suspension générale des cours décidée par la Conférence des évêques en juillet 2024, mesure finalement levée suite aux promesses du gouvernement.
Aujourd’hui, enseignants et parents d’élèves s’inquiètent de l’avenir du système éducatif catholique. La question demeure : l’État tiendra-t-il ses engagements pour éviter l’effondrement de ces écoles ?