Le cinéaste malien Souleymane Cissé, figure emblématique du cinéma africain, est décédé ce mercredi 19 février à l’âge de 84 ans. Son œuvre, marquée par un engagement profond envers les réalités sociales et politiques de son époque, lui a valu une reconnaissance internationale.
Né en 1940 à Bamako, Souleymane Cissé a découvert le cinéma après des études à Moscou, où il s’est formé à la réalisation. Son regard, dès ses premiers films, s’est porté sur les tensions entre tradition et modernité, ainsi que sur les défis sociaux et politiques du Mali et de l’Afrique.
Sa carrière a décollé à la fin des années 1970. En 1978, Bara, qui aborde le combat syndical et les injustices sociales, lui a valu l’Étalon d’Or de Yennenga au FESPACO. Il confirme son talent en 1980 avec Finyé, une œuvre qui explore la quête d’émancipation de la jeunesse malienne. Toutefois, c’est en 1987 que son nom s’impose sur la scène internationale avec Yeelen (La Lumière), un film mystique primé au Festival de Cannes. Ce chef-d’œuvre, tourné en langue bambara et ancré dans la cosmogonie mandingue, lui vaut le Prix du Jury.
Cinéaste exigeant, Souleymane Cissé a toujours refusé de céder aux logiques industrielles, privilégiant un cinéma de réflexion et de mémoire. Ses films Waati (1995) et Oka (2015) en témoignent. Son engagement pour la liberté d’expression l’a conduit à fonder l’Union nationale des cinéastes du Mali, un mouvement en faveur de l’indépendance artistique face aux pressions politiques.
En 2023, le Festival de Cannes lui a rendu hommage en lui décernant le Carrosse d’Or, une distinction honorifique de la Société des Réalisateurs de Films. Quelques mois plus tard, il a été célébré à Banjul par la mission médicale Sunu Reew.