
En 2024, les forces de sécurité maliennes ont renforcé leurs dispositifs de contrôle, aboutissant à la saisie de 490 armes et de 1 915 munitions. Par ailleurs, 78 armes et 2 686 munitions ont été déposées volontairement, soulignant une coopération partielle des acteurs sur le terrain.
Contexte sécuritaire et enjeux stratégiques
La prolifération incontrôlée des armes légères et de petit calibre demeure un défi de taille pour la stabilité du Mali. Selon le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, ces opérations de saisie traduisent la volonté des autorités de freiner le flux des armes illégales. Toutefois, ces résultats restent modestes face aux vastes stocks en circulation, lesquels alimentent des conflits intercommunautaires, le terrorisme et une insécurité généralisée.
Entre 2015 et 2022, le Mali a enregistré 2 224 attaques impliquant à la fois des armes légères et lourdes. Le rapport « Continuity and Change: Extremist-used Arms in Mali », publié en janvier 2024 par le Small Arms Survey, révèle que 51 % de ces attaques ont été perpétrées avec des fusils d’assaut, des mitrailleuses et des lance-roquettes, tandis que 35 % ont mobilisé des engins explosifs improvisés. Ces données illustrent la diversité des arsenaux utilisés par les groupes armés et la complexité de leur approvisionnement.
Origines de la prolifération et réponses opérationnelles
La multiplication des armes au Mali trouve ses racines dans divers facteurs, notamment :
- Le détournement de stocks militaires.
- Le trafic transfrontalier en provenance de pays comme la Libye, le Burkina Faso et le Nigéria.
- La récupération d’anciens arsenaux abandonnés.
- La production artisanale destinée à alimenter les milices et groupes criminels.
L’impact de ce phénomène se traduit notamment par une hausse de 30 % des attaques djihadistes en 2024, rendant certaines zones pratiquement ingouvernables. Par ailleurs, la persistance des conflits intercommunautaires et la recrudescence de la criminalité, marquée par des enlèvements contre rançon et des agressions sur les axes routiers, compliquent la mobilité et la sécurité des populations.
Pour faire face à ce fléau, les autorités maliennes ont mis en place plusieurs mesures, notamment des opérations de récupération et de destruction d’armes. Le renforcement des contrôles aux frontières avec le Burkina Faso et le Niger vise à limiter le trafic d’armes. En outre, l’opération KAFO V, réalisée en partenariat avec l’ONUDC, a permis la saisie de stocks d’armes et d’explosifs. Toutefois, malgré ces initiatives, les efforts restent insuffisants face à l’ampleur du défi.
Conclusion
La situation sécuritaire au Mali demeure préoccupante. Si les opérations de saisie contribuent à réduire temporairement la disponibilité des armes, une stratégie globale et coordonnée, intégrant des actions de contrôle renforcé et des mesures de désarmement durable, apparaît indispensable pour restaurer la stabilité et assurer la sécurité sur le long terme.