Dans une volonté affirmée de transformer son agriculture et d’assurer son autonomie alimentaire, le Mali a lancé, ce jeudi à Bamako, un appel à la mobilisation nationale et internationale pour financer son Programme national du système de riziculture intensif (PN-SRI). L’objectif est clair : porter la production nationale de riz à 5,5 millions de tonnes d’ici 2030, contre un peu plus de 3 millions de tonnes actuellement, et faire du riz un levier stratégique du développement économique.
Un forum décisif pour un programme structurant
La cérémonie d’ouverture du Forum national sur le financement durable du PN-SRI, présidée par le Premier ministre, le général de division Abdoulaye Maïga, marque un tournant. Il ne s’agit plus seulement de produire davantage, mais de bâtir une véritable souveraineté alimentaire durable, dans un contexte régional secoué par les défis du changement climatique, de l’insécurité alimentaire et de la fluctuation des marchés agricoles.
Le Premier ministre, représentant le président de la Transition, le général Assimi Goïta, a réaffirmé la volonté politique forte de faire du Mali une puissance agricole régionale. Le gouvernement malien a d’ailleurs déjà pris les devants en annonçant un engagement financier à hauteur de 60 % du coût total du programme, soit 14,112 milliards de francs CFA.
De la vision à l’action : alignement stratégique et partenariats
Le PN-SRI s’inscrit dans le cadre des grandes orientations nationales, notamment la Vision Mali Kura ɲɛtaasira ka bɛn san 2063 et la Stratégie nationale pour l’émergence et le développement durable (SNEDD 2024-2033). Il s’articule autour de trois axes clés :
- La modernisation des pratiques agricoles à travers l’intensification raisonnée et l’introduction de technologies innovantes ;
- Le renforcement des capacités des producteurs et la professionnalisation du secteur ;
- Le développement d’infrastructures pour la transformation, la conservation et la commercialisation du riz.
Ce changement d’échelle nécessite un appui technique et financier solide. À ce titre, le Premier ministre a salué l’appui de la coopération allemande, tout en appelant à l’élargissement des partenariats internationaux. Il a également insisté sur la création de synergies entre les acteurs publics, privés, les organisations paysannes, les institutions financières et la société civile.
Un engagement collectif pour la résilience alimentaire
Le forum a été marqué par la signature d’un manifeste d’engagement réunissant l’État, les organisations agricoles, les partenaires techniques et financiers ainsi que les représentants de la société civile. Une dynamique de coalition autour d’un objectif commun : sécuriser les revenus agricoles et bâtir la résilience alimentaire du pays.
Fayiri Bolly, président de l’interprofession riz, a salué l’initiative, soulignant que « ce forum constitue une plateforme stratégique d’investissement, mais aussi un acte fort pour la reconnaissance du rôle central des riziculteurs dans l’économie nationale ». Il a exhorté les partenaires à formuler des engagements concrets et durables
Le Mali trace sa voie au sein de l’Alliance des États du Sahel
En plaçant la filière rizicole au cœur de ses politiques agricoles, le Mali entend réduire sa dépendance aux importations et renforcer son rôle de leadership au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES). Ce pari ambitieux s’inscrit dans une dynamique régionale où la souveraineté alimentaire devient une condition incontournable de stabilité, de prospérité et de paix.
L’heure est donc à la mobilisation collective et à l’innovation. La riziculture, hier perçue comme une activité de subsistance, devient aujourd’hui un pilier stratégique de transformation économique, sociale et environnementale.