Lors de la cérémonie annuelle de présentation des vœux à la presse malienne, Bandiougou Danté, président de la Maison de la Presse, a pris la parole devant le Président de la Transition pour dénoncer de manière frontale la dégradation de l’écosystème médiatique national. Dans un discours empreint d’une détermination sans faille, il a dressé un constat sans concession sur la précarité chronique des organes de presse et sur l’absence d’un soutien étatique réellement structurant.
Un Écosystème Sous Tension
Dès l’ouverture de son intervention, M. Danté a recentré le débat sur l’un des fléaux majeurs du paysage médiatique : la désinformation. Il a brillamment illustré son propos en affirmant que, si les armes atomiques, chimiques, biologiques et radioactives constituent des moyens de dissuasion sur le plan militaire, c’est la désinformation qui représente, pour le secteur de l’information, une véritable arme de destruction massive. Selon lui, les professionnels de la presse, pourtant parfaitement outillés pour contrer ce fléau, se voient paradoxalement abandonnés face à des moyens insuffisants et à un contexte institutionnel délétère.
Une Précarité Qui Étouffe l’Innovation
Le constat est sans appel : « Nos rédactions, en proie à une précarité systémique, ne peuvent aspirer à une viabilité pérenne », a-t-il souligné. Le manque de soutien financier public, censé garantir un minimum de stabilité, conduit à une situation où le journalisme se trouve relégué au rang de « journalisme alimentaire ». De plus, l’absence d’investissements dans la formation continue, la collecte d’informations de qualité et la rémunération décente des équipes rend l’ensemble du secteur vulnérable et fragilise la liberté d’expression.
L’Injonction à la Réforme et la Quête de Justice
Bien qu’il ait reconnu l’absence d’arrestations arbitraires dans l’exercice de la profession, Bandiougou Danté n’a pas éludé les épisodes sombres marquant l’histoire récente de la presse malienne. Les cas d’enlèvements, d’assassinats et la disparition non élucidée du journaliste Birama Touré restent des plaies ouvertes, symboles d’un « mur de silence » qui entrave la quête de justice et la reconnaissance des revendications légitimes des professionnels de l’information.
Vers une Modernisation du Cadre Réglementaire
Dans une conclusion résolument prospective, le président de la Maison de la Presse a lancé un vibrant appel à une refonte urgente du cadre législatif régissant le secteur médiatique. « Nous sommes régis par des textes dignes d’une autre époque », a-t-il martelé, plaidant pour une mise à jour des normes qui s’aligne sur les standards sous-régionaux et internationaux. Ce repositionnement juridique apparaît comme une condition sine qua non pour redonner au secteur sa dynamique innovante et garantir une information de qualité, essentielle au bon fonctionnement de la démocratie.
Conclusion
Le discours de Bandiougou Danté résonne comme un signal d’alarme lancé à l’ensemble des acteurs du paysage médiatique malien. Face à des défis structurels multiples, l’heure est désormais à l’action collective et à l’engagement institutionnel pour transformer un environnement en crise en un modèle de résilience et d’innovation. Dans cette optique, l’appel à la réforme et au renforcement des moyens de la presse se présente non seulement comme une nécessité économique, mais aussi comme une exigence démocratique incontournable.