Un vent d’espoir souffle sur la lutte contre le paludisme au Mali. À l’occasion de la Journée mondiale contre le paludisme, le pays a franchi une étape historique : l’administration de la toute première dose du vaccin antipaludique R21/Matrix-M à Kalaban-Coro par le ministre de la Santé et du Développement social, Médecin-colonel Assa Badiallo Touré. Un geste hautement symbolique qui marque le début d’un nouvel élan dans la riposte nationale contre cette maladie endémique.
Une stratégie vaccinale inédite au cœur de la riposte
Lancée dans le cadre de la 18e édition de la Journée mondiale et de la Semaine nationale de lutte contre le paludisme, cette campagne vaccinale cible les enfants de 5 à 36 mois – la tranche d’âge la plus vulnérable – dans 19 districts sanitaires prioritaires. Ce tournant stratégique s’appuie sur l’acquisition de 927 800 doses du vaccin R21/Matrix-M, financées par l’Alliance GAVI, et homologuées par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
600 000 enfants bénéficieront gratuitement du vaccin, dont l’efficacité est estimée à 75 %. Une première dans l’histoire sanitaire du Mali, pays où le paludisme demeure l’un des principaux facteurs de morbidité et de mortalité.
Un lourd bilan sanitaire en 2024
Les données issues du système national DHIS2 sont édifiantes : 3 789 689 cas confirmés de paludisme ont été enregistrés en 2024, dont 1 129 793 cas graves, occasionnant 1 638 décès. Les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes paient le plus lourd tribut. La maladie, omniprésente sur l’ensemble du territoire, connaît une recrudescence pendant la saison pluvieuse.
Une réponse multisectorielle saluée par l’OMS
Lors d’une conférence de presse organisée le 24 avril au bureau de l’OMS à Bamako, la coordinatrice du Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP), Médecin-colonel Aïssata Koné, et le Directeur du Centre national d’immunisation, Dr Ibrahima Diarra, ont détaillé les contours de cette nouvelle campagne.
« L’introduction du vaccin antipaludique dans le Programme élargi de vaccination est une avancée majeure dans notre stratégie intégrée de lutte contre le paludisme », a souligné Dr Diarra, avant de rappeler que 19 pays dans le monde ont déjà adopté ce vaccin.
Le représentant de l’OMS au Mali, Dr Patrick Kaboré, a réaffirmé l’engagement de l’organisation onusienne à accompagner les autorités sanitaires maliennes dans l’amélioration des indicateurs de santé publique.
Une avancée scientifique attendue depuis des décennies
Présents à la conférence, les chercheurs Abdoulaye Djimdé (MRTC Parasito) et Nafomon Sogoba (MRTC Entomo) ont salué une « victoire scientifique majeure », fruit de 38 années de recherche autour de la protéine CSP, sécrétée par les parasites du genre Plasmodium, responsables du paludisme.
La mémoire du Pr. Ogobara Doumbo, figure emblématique de la recherche contre le paludisme au Mali et dans le monde, a été honorée par une minute de silence. Ce pionnier de la science, décédé le 9 juin 2018 à Marseille, laisse un héritage inestimable à la communauté scientifique internationale.
Un horizon 2030 sans paludisme ?
« Le paludisme s’arrête avec nous : réinvestir, réimaginer, raviver » – le thème de cette année sonne comme un appel à l’action collective. Pour Hamadoun Aly Dicko, représentant du ministère de la Santé, cette campagne vaccinale est le signal fort d’un engagement renouvelé pour l’éradication du paludisme à l’horizon 2030.







