
La crise énergétique qui s’éternise depuis plus de trois ans au Mali cristallise les tensions. Et Nouhoum Sarr, membre du Conseil National de Transition (CNT), a récemment attiré l’attention et l’indignation lors de son passage dans l’émission Thierno Décrypte. Ses déclarations, à la fois franches et polémiques, ont suscité un tollé au sein d’une population lassée par les coupures d’électricité.
Nouhoum Sarr a dressé un tableau sans fard de la situation financière de l’Énergie du Mali (EDM), révélant que la compagnie injectait quotidiennement 1,2 milliard de francs CFA pour des recettes plafonnant à 700 millions. Il a, en outre, évoqué la diminution drastique des aides budgétaires internationales dont le pays bénéficiait par le passé, attribuant ce tarissement à un refus du Mali de « se soumettre » pour bénéficier des financements extérieurs. Une déclaration qui, bien que lucide, n’a pas manqué de résonner comme un aveu d’échec de la politique énergétique menée sous la transition.
Autre point délicat : la dette du Mali envers la Compagnie ivoirienne d’électricité (CEI), qui fournissait jusqu’à 100 mégawatts au pays. Nouhoum Sarr a dénoncé la politisation de cette affaire, tout en admettant que la CEI avait récemment cessé de livrer 10 mégawatts supplémentaires. Selon lui, des propositions pour éponger la dette ont été soumises, sans succès.
L’espoir d’une solution en 2025 ?
Malgré l’ampleur de la crise, Nouhoum Sarr se veut optimiste. « L’électricité en 2025 sera réglée », a-t-il déclaré, reconnaissant néanmoins que ce problème constitue le « talon d’Achille » de la transition en cours. Il a évoqué plusieurs projets structurants, notamment des partenariats public-privé pour des centrales solaires à Thiakadougou et Sanankoroba, confiées à des entreprises chinoises et russes.
Cependant, les retards accusés dans le développement de la centrale solaire de Safo, projet lancé en 2019, traduisent les lenteurs administratives et le manque de dynamisme des banques impliquées. Un constat qui vient tempérer l’enthousiasme affiché par le membre du CNT.
Si Nouhoum Sarr affiche une volonté de transparence et se pose en acteur engagé pour trouver des solutions, ses propos n’ont fait qu’alimenter la colère des citoyens, excédés par une crise qui affecte leur quotidien et compromet le développement économique.