Selon BBC, le milliardaire américain Bill Gates, cofondateur de Microsoft et président de la Fondation Gates, a annoncé mardi 3 juin qu’il consacrera la quasi-totalité de sa fortune, estimée à 200 milliards de dollars, à des projets de développement sur le continent africain. L’annonce, faite à Addis-Abeba au siège de l’Union africaine, marque une nouvelle étape dans l’engagement philanthropique de l’homme d’affaires, désormais âgé de 69 ans.
« Je me suis récemment engagé à distribuer ma fortune au cours des vingt prochaines années. La majeure partie de ce financement servira à vous aider à relever les défis qui se posent ici, en Afrique », a-t-il déclaré lors de son discours, tout en exhortant les jeunes innovateurs africains à s’emparer de l’intelligence artificielle pour transformer les systèmes de santé du continent.
D’ici 2045, la Fondation Gates prévoit de cesser toutes ses activités. Ce calendrier, exceptionnel dans le monde de la philanthropie mondiale, s’accompagne d’un objectif budgétaire ambitieux : atteindre 9 milliards de dollars de dons annuels dès 2026. Depuis sa création en 2000 avec Melinda French Gates et Warren Buffett, la fondation a déjà distribué plus de 100 milliards de dollars, soutenant des initiatives majeures comme Gavi, l’alliance pour les vaccins, ou le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.
Bill Gates a souligné que les priorités futures de la fondation concerneraient avant tout la santé primaire, la nutrition maternelle et infantile, ainsi que l’éradication des maladies infectieuses. « Ce que nous avons appris, c’est qu’aider la mère à être en bonne santé et à avoir une bonne nutrition avant et pendant la grossesse donne les meilleurs résultats », a-t-il insisté, rappelant que les quatre premières années de vie d’un enfant sont décisives pour son avenir.
Fervent promoteur de la technologie, Gates voit dans l’intelligence artificielle un levier stratégique pour l’Afrique. Il a invité les jeunes talents du continent à s’approprier cette technologie émergente afin d’en faire un outil de progrès social. « Vous avez déjà montré comment ignorer les modèles bancaires traditionnels a permis de développer des solutions locales. Il est temps de faire de même pour la santé », a-t-il lancé. Le Rwanda, selon lui, en est un exemple, avec l’introduction de diagnostics prénataux assistés par IA.
La démarche a été saluée par plusieurs figures africaines, notamment Graça Machel, ancienne Première dame du Mozambique, qui a salué une initiative bienvenue en ces « temps de crise ». Elle a déclaré : « Nous comptons sur l’engagement indéfectible de M. Gates pour continuer à parcourir ce chemin de transformation à nos côtés. »
Cependant, certains critiques dénoncent une philanthropie qui contourne les mécanismes démocratiques et fiscaux classiques. D’aucuns accusent la Fondation Gates d’exercer une influence disproportionnée sur les politiques de santé publique, tout en bénéficiant d’avantages fiscaux considérables.
Gates, quant à lui, semble déterminé à aller jusqu’au bout de sa démarche : « Les gens diront beaucoup de choses sur moi quand je mourrai, mais je suis déterminé à ce que « il est mort riche » ne soit pas l’une d’elles », a-t-il écrit dans un billet de blog le mois dernier.