Les Abus des Forces de Sécurité : Un Fléau sur les Routes de l’AES
Les Chefs d’État de l’AES se rencontrent plusieurs fois par an pour discuter, entre autres, de l’intégration régionale. La libre circulation des personnes et des biens, un pilier fondamental de cette politique depuis plusieurs décennies, est censée favoriser les échanges et la coopération entre les États membres. Cependant, cette noble intention est gravement compromise par un phénomène alarmant : le racket systématique orchestré par certains membres des forces de sécurité sur les routes de la région.
Des individus en uniformes de police ou de gendarmerie, souvent installés sous des hangars le long des axes routiers, transforment les contrôles de sécurité en véritables opérations de vol. Ces pratiques se déroulent ouvertement, indépendamment de la régularité des documents de voyage des passagers. Le mot « reçu de paiement » est particulièrement malvenu et semble agacer ces agents, qui préfèrent opérer sans laisser de traces officielles.
Sur les routes traversant le Mali et le Burkina Faso, les exigences financières sont particulièrement élevées. Au poste de Kouri (gendarmerie malienne) et à celui de Sona (police malienne), les voyageurs doivent s’acquitter de 1000 FCFA chacun. Au Burkina Faso, les postes de Faramana (gendarmerie et police) imposent une taxe de 2000 FCFA chacun, et les voyageurs, y compris les enfants, doivent payer cette somme. Avec 25 postes de sécurité répartis dans ce « pays des hommes intègres », l’impression est que le contrôle est plus omniprésent que les villes et villages eux-mêmes. Cette situation contraste fortement avec la prétendue amélioration de la sécurité, qui est mise en doute par les fréquentes attaques contre les forces de sécurité.
À la frontière Burkina-Niger, à Tchintiaré, le montant demandé est légèrement inférieur (1000 FCFA), mais le racket continue. Le nombre réduit de postes de contrôle à cet endroit n’atténue en rien les abus constatés.
Les voyageurs qui empruntent ces routes depuis plusieurs années constatent régulièrement que les contrôles sont souvent une façade pour le vol. Les récentes attaques contre le poste de police malienne à Sona, dont les murs portent encore les stigmates, témoignent de la méfiance croissante vis-à-vis des forces de sécurité, dont les pratiques de racket contribuent à l’insécurité routière.
Ce phénomène n’est pas limité aux axes mentionnés ; les trajets comme Bamako-Abidjan, Bamako-Lomé, Bamako-Cotonou, et Bamako-Dakar rencontrent également des problèmes similaires. Il est impératif que les Chefs d’État de l’AES, en plus de discuter de projets et de se saluer lors des sommets, prennent des mesures concrètes pour mettre fin à ces pratiques de vol organisées par leurs propres subordonnés. La population, principale victime de ces abus, mérite une réponse efficace pour garantir la libre circulation et restaurer la confiance dans les forces de sécurité.