Le rapport 2023 du Réseau ouest-africain d’épidémiologie sur la consommation de drogues (WENDU) met en évidence une situation préoccupante concernant le trafic et la consommation de drogues en Afrique de l’Ouest, malgré les efforts déployés par les autorités pour lutter contre ce fléau.
Ce document, publié ce lundi, souligne que la région continue de faire face à des défis importants, même avec les mesures soutenues mises en place.Le cannabis reste la substance illicite la plus courante dans la région, représentant près de 90 % des saisies effectuées en 2023. Les autorités ont intercepté plus de 75 000 kg de cette drogue, principalement au Bénin, en Côte d’Ivoire et au Sénégal. Cette situation met en lumière l’ampleur du problème et la nécessité d’adopter une approche ciblée pour contrer sa production et sa distribution.
La cocaïne se classe en deuxième position parmi les drogues les plus saisies, affichant une augmentation significative par rapport à l’année précédente. En 2023, près de 7 842 kg de cocaïne ont été saisis, dont 95 % au Sénégal. Cette augmentation de plus de 6 % par rapport à 2022 est d’autant plus alarmante qu’elle s’est produite malgré le nombre réduit de pays ayant fourni des déclarations.
Seuls dix États membres de la CEDEAO (Bénin, Cabo Verde, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée-Bissau, Libéria, Sénégal, Sierra Leone, Togo) ainsi que la Mauritanie ont contribué aux données du rapport WENDU. Cela met en exergue le rôle croissant de l’Afrique de l’Ouest comme plaque tournante du trafic de cocaïne entre l’Amérique du Sud et l’Europe.
L’héroïne et les opioïdes pharmaceutiques, en particulier le tramadol, constituent également des préoccupations majeures. Les saisies significatives de ces substances, ainsi que d’autres produits pharmaceutiques détournés, révèlent la diversification du marché de la drogue dans la région. L’Afrique de l’Ouest est ainsi devenue un carrefour crucial pour le détournement de produits pharmaceutiques licites à des fins illicites, posant de nouveaux défis aux autorités de contrôle.
Diminution significative des arrestations
Le rapport met aussi en lumière l’émergence de nouvelles drogues, comme le Kush, signalé en Gambie, au Sénégal et en Sierra Leone. Cette évolution dans le paysage des drogues illicites complique davantage la tâche des forces de l’ordre et des services de santé, qui doivent s’adapter en permanence à ces nouvelles substances et à leurs effets.
Paradoxalement, le nombre d’arrestations pour infractions liées aux stupéfiants a chuté de manière significative en 2023, passant de plus de 23 000 en 2022 à environ 4 200. Toutefois, cette baisse doit être interprétée avec précaution, car les données de plusieurs pays importants, dont le Nigeria et le Mali, ne sont pas prises en compte. Il est intéressant de noter que les femmes représentent seulement environ 6 % des personnes arrêtées.
Face à ces défis, le rapport du WENDU souligne l’importance d’une approche globale et coordonnée. « La lutte contre le trafic de drogue en Afrique de l’Ouest ne peut pas se limiter à l’application de la loi et aux saisies. Elle doit aussi inclure des stratégies de prévention, d’éducation et de traitement pour s’attaquer aux racines du problème », affirment les auteurs du rapport.
Ils insistent sur la nécessité d’une coopération régionale et internationale pour faire face à ce phénomène transfrontalier. Les pays d’Afrique de l’Ouest doivent renforcer leur collaboration en matière de partage d’informations, de formation des forces de l’ordre et de mise en œuvre de politiques harmonisées.