Dans les rues de Gao, ville emblématique du Nord du Mali, l’espoir et la peur se côtoient. Les habitants, après des années de troubles et d’insécurité, ont appris à composer avec une réalité complexe où la protection, souvent synonyme de réconfort, devient parfois un fardeau. L’un des visages de cette dérive inquiétante est celui de certains policiers locaux, qui, au lieu de veiller à la sécurité de tous, s’adonnent à des pratiques de raquette qui pèsent lourdement sur la population.
Des Raquettes Déguisées en Contrôles de Routine
Il est courant à Gao de voir les policiers installer des postes de contrôle improvisés sur les routes principales ou près des marchés. Officiellement, ces barrages sont mis en place pour vérifier les papiers des véhicules ou lutter contre les trafics divers qui pullulent dans la région. Mais derrière cette façade de légitimité, se cache parfois une toute autre réalité : des raquettes déguisées en procédures administratives. Ce qui commence souvent comme un contrôle de routine peut rapidement tourner au cauchemar pour les citoyens. Ceux qui n’ont pas les documents exigés – parfois pour des raisons purement administratives ou de moyens – se voient souvent confrontés à un dilemme : payer une somme, généralement arbitraire, ou voir leur moto, voiture.
L’Impact sur les Habitants
Les habitants de Gao, déjà éprouvés par une économie précaire, voient dans ces pratiques une nouvelle forme d’injustice. Pour beaucoup, payer les quelques milliers de francs CFA exigés par les policiers représente un choix entre nourrir leur famille ou continuer à circuler en toute liberté. Cette pression constante alimente un sentiment de désespoir et de méfiance envers ceux qui sont censés incarner l’État et protéger les citoyens.
Un habitant local raconte : « Parfois, on sent qu’il n’y a pas de limite. On sait que même avec tous nos papiers en règle, ils trouveront une raison de nous demander de l’argent. Et si on refuse, ils nous menacent de confisquer nos affaires ou de nous retenir plus longtemps. »
Le Dilemme des Policiers
Si certains policiers adoptent de telles pratiques, il est également essentiel de comprendre le contexte dans lequel ils exercent. Leurs conditions de travail sont souvent difficiles : manque de ressources, risques élevés et intervention dans des zones marquées par l’insécurité. Autant de facteurs qui, pour certains, expliquent ces dérives.
Reprendre Confiance
Pour que la population de Gao puisse à nouveau avoir foi en ses forces de l’ordre, des réformes profondes sont nécessaires. L’État doit garantir à ses policiers des conditions de travail dignes, et veiller à ce que les dérives soient sévèrement sanctionnées. De leur côté, les habitants doivent être encouragés à signaler les abus, même si cela peut parfois sembler risqué.
Il est crucial de rappeler que la majorité des policiers sont honnêtes et dévoués à leur mission. Mais comme dans toute société, quelques brebis galeuses peuvent ternir l’image de toute une institution. Gao, déjà éprouvée par tant d’années de conflits, mérite mieux que cela. Elle mérite une police qui la protège réellement, sans faire peser sur elle le fardeau supplémentaire de la corruption.
L’Espoir d’un Changement
Les habitants de Gao continuent de vivre, de sourire et d’espérer, malgré tout. Les appels à une réforme de la police se font de plus en plus entendre, à la fois de la part de la société civile et de certaines voix politiques. Il faudra du temps et du courage pour inverser cette tendance, mais l’histoire de Gao est celle d’une résilience face aux épreuves.
Le jour viendra où ces pratiques appartiendront au passé, et où les policiers de Gao seront de nouveau perçus comme des gardiens de la paix, et non comme des agents de la peur. En attendant, la lutte continue, silencieuse mais tenace, dans les cœurs des hommes et des femmes qui refusent de céder à l’injustice.
Les raquettes policières à Gao sont le reflet d’un malaise plus profond qui touche à la fois la société et les institutions. Si elles posent des questions urgentes de justice et de protection des citoyens, elles ouvrent également la voie à une réflexion sur l’avenir de la gouvernance dans une région marquée par l’insécurité et l’incertitude.