Après avoir été réélu à la présidence de l’Algérie le 7 septembre 2024 avec un impressionnant score de 94,65 %, Abdelmadjid Tebboune se retrouve dans une situation paradoxale en rejoignant ses deux adversaires pour critiquer l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE). Alors que cette victoire semble indiquer une large approbation populaire, elle est sérieusement compromise par des accusations d’irrégularités massives.
En effet, Tebboune, l’islamiste Abdelali Hassani Cherif (3,2 % des voix) et le socialiste Youcef Aouchiche (2,2 % des voix) ont publié un communiqué commun pour exprimer leur consternation face aux nombreuses incohérences et irrégularités entourant les résultats annoncés par l’ANIE. Parmi les critiques majeures figure le manque de transparence quant aux chiffres de participation.
L’ANIE a déclaré que le taux de participation était de 48,03 %, ce qui, pour un corps électoral de 24 millions 351 551 inscrits, correspond à environ 11 millions 761 799 votants. Cependant, les votes totaux de Tebboune, Hassani et Aouchiche additionnés n’atteignent que 5 millions 630 196 voix, laissant un écart inexpliqué de plus de 6,1 millions de voix.
Les deux candidats perdants ont rapidement dénoncé ces résultats, utilisant des calculs mathématiques pour souligner leur improbabilité. Le score de 94 % pour Tebboune, dans un climat de méfiance croissante envers le régime, suscite des interrogations profondes sur la crédibilité des élections en Algérie. Ce taux élevé, perçu par certains comme un reflet d’une « popularité stalinienne », semble plutôt indiquer des pratiques antirépublicaines et antidémocratiques.
Les critiques ne se limitent pas aux chiffres de participation. Les candidats ont également pointé du doigt l’ambiguïté du communiqué annonçant les résultats provisoires, qui omet des données cruciales telles que le nombre de bulletins nuls et de votes blancs. De plus, le taux de participation annoncé de 48,03 % contraste fortement avec les faits suggérant un taux bien plus bas, autour de 23,12 %, en baisse significative par rapport aux élections de 2019.
Ces accusations de manipulation exacerbent la méfiance et le scepticisme au sein de la population algérienne, qui se demande si les institutions du pays sont réellement capables d’organiser des élections équitables et transparentes. Cette élection présidentielle pourrait ainsi marquer un tournant dans la perception publique du processus électoral en Algérie, déjà entaché par un passé de fraudes et d’anomalies.
Les analystes politiques et les médias occidentaux mettent en question l’impact de cette situation sur la légitimité du gouvernement de Tebboune, soulignant l’importance de réformes pour restaurer la confiance dans le système électoral algérien.