Les forces de sécurité sénégalaises jouent un rôle crucial dans la lutte contre la migration irrégulière. Un exemple marquant est celui de la Marine nationale, qui a réussi à empêcher plus de 2 500 personnes de rejoindre les Îles Canaries en traversant l’Atlantique.
Le 8 septembre dernier, un tragique naufrage d’une pirogue au large de Mbour a entraîné la mort de 26 personnes, selon les informations fournies par la Marine nationale. Ce drame survient dans un contexte de hausse significative des départs de migrants depuis le Sénégal vers les Îles Canaries. Depuis le début de l’année, plus de 2 500 migrants ont été interceptés par les autorités sénégalaises, d’après les rapports publiés sur X (anciennement Twitter) par la Marine nationale, combinés aux données de l’Agence Presse Africaine (APA).
Les premiers mois de 2024 ont été particulièrement intenses pour les opérations de secours et d’interception. Le 11 février, 85 migrants, principalement sénégalais, ont été secourus à 100 km au sud de Dakar. Le 26 février, le patrouilleur « Walo » a intercepté 154 migrants, incluant 5 femmes et un mineur, en provenance du Sénégal et d’autres pays de la sous-région.
En mai, la fréquence des tentatives de traversée a augmenté. Le 7 mai, deux opérations distinctes ont permis de secourir 186 migrants, dont une embarcation avec 119 passagers, principalement des Gambiens, ainsi que 20 femmes et 21 enfants. Le 13 mai, une interception majeure a eu lieu à 30 km au large de Dakar, où 252 migrants, majoritairement sénégalais, ont été secourus. Les 15 et 17 mai, respectivement 116 et 164 migrants ont été interceptés, illustrant l’intensité des départs.
En juin, les opérations de sauvetage ont continué sans relâche. Le 3 juin, une pirogue en provenance de Gambie transportant 219 migrants, dont 25 mineurs et 27 femmes, a été interceptée. Le 25 juin, 150 migrants originaires de la sous-région ont été secourus à 135 km au large de Saint-Louis.
Juillet a été marqué par des interventions d’envergure. Le 19 juillet, 202 migrants ont été interceptés au large de Lompoul (nord-ouest). Le 29 juillet, deux interventions successives ont permis d’intercepter 402 migrants, incluant 63 Sénégalais, 44 Gambiens, 93 Guinéens et 13 Maliens, illustrant la diversité des nationalités des migrants.
En septembre, les opérations se sont poursuivies avec une intervention majeure le 6 septembre, durant laquelle 276 migrants ont été secourus au large de Mbour et à l’embouchure du fleuve Sénégal. Ces migrants venaient de divers pays d’Afrique de l’Ouest, mettant en lumière l’ampleur régionale de la crise. Le 8 septembre, la Marine nationale a signalé le naufrage d’une pirogue au large de Mbour, avec 9 corps retrouvés et 3 rescapés identifiés.
Ces interceptions fréquentes révèlent non seulement la diversité des nationalités des migrants, mais aussi l’ampleur régionale de la crise migratoire. Elles soulignent la nécessité d’une coopération renforcée entre les pays d’origine, de transit et de destination.
Un rapport de Frontex publié en mars a indiqué que la route de l’Afrique de l’Ouest demeure la plus fréquentée vers l’Union Européenne, avec près de 12 100 arrivées en janvier et février. Ce rapport montre également une forte augmentation des routes migratoires en Afrique de l’Ouest (+541 %) et en Méditerranée orientale (+117 %). Les Maliens, Sénégalais et Mauritaniens figurent parmi les nationalités les plus représentées.
Face à cette situation, les autorités des pays concernés intensifient leurs efforts. Fin août, le président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, a effectué une tournée en Afrique, incluant des visites en Mauritanie, Gambie et Sénégal. Lors de sa visite à Dakar, il a rencontré le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye pour discuter de la migration irrégulière. Le président Faye a exprimé ses inquiétudes face aux départs massifs depuis les côtes sénégalaises et a affirmé l’engagement de son pays à coopérer avec ses partenaires pour lutter contre ce phénomène.
Pedro Sánchez a souligné l’importance d’une gestion ordonnée des flux migratoires et a salué la collaboration entre les deux pays. Ils ont signé un mémorandum d’entente sur la migration circulaire, visant à élargir et améliorer les dispositifs existants, intégrer de nouveaux secteurs économiques, et inclure la formation et la qualification des travailleurs sénégalais se rendant en Espagne. Selon Sánchez, le recrutement initial et une immigration ordonnée apportent des bénéfices pour toutes les parties impliquées.