Une réduction du financement du Fonds mondial pourrait entraîner 137,2 millions de nouveaux cas de paludisme et 337 000 décès supplémentaires, mettant en péril la lutte contre la pauvreté, la croissance économique et le commerce mondial. C’est l’alerte lancée par les dirigeants africains lors de la 79e Assemblée générale des Nations unies (AGNU).
Réunis à l’initiative de l’Alliance des dirigeants africains contre le paludisme (ALMA), les chefs d’État ont mis en lumière l’urgence d’une réponse globale pour contrer une « tempête parfaite » de crises interconnectées menaçant des décennies de progrès dans la lutte contre le paludisme en Afrique. Parmi les principaux défis identifiés figurent des déficits financiers, le changement climatique, la résistance croissante aux insecticides et aux traitements antipaludiques, ainsi que les catastrophes climatiques qui exacerbent les épidémies de paludisme. Si la stagnation des financements se poursuit entre 2027 et 2029, on pourrait compter 112 millions de cas supplémentaires et 280 700 décès, selon un communiqué publié jeudi.
« Ce manque de financement constitue une menace grave, et si rien n’est fait, nous risquons une hausse significative des décès liés au paludisme », a averti Umaro Sissoco Embaló, président sortant de l’ALMA et chef de l’État bissau-guinéen.Les dirigeants ont insisté sur l’importance d’une reconstitution réussie du Fonds mondial en 2025, en continuant de placer le paludisme parmi les priorités de financement, afin d’éviter de nouvelles épidémies. Ils ont aussi appelé à une approche multisectorielle, impliquant des secteurs comme l’agriculture, l’environnement, l’exploitation minière et le tourisme pour réussir à éradiquer le paludisme et à se préparer aux pandémies futures.
Abderaman Koulamallah, ministre des Affaires étrangères du Tchad, a rappelé la nécessité d’une action accélérée pour mobiliser 6,3 milliards de dollars par an, en augmentant les financements nationaux et en trouvant de nouveaux partenaires. Cela inclut l’intégration de la lutte contre le paludisme dans des initiatives plus vastes comme la lutte contre le changement climatique, le renforcement des systèmes de santé et l’amélioration de la préparation aux pandémies.
Les dirigeants ont également insisté sur des mécanismes de financement innovants, incluant une plus grande participation du secteur privé. Des conseils nationaux multisectoriels ont déjà mobilisé plus de 72 millions de dollars pour l’éradication du paludisme et des maladies tropicales négligées, principalement grâce au secteur privé. Ces instances ont joué un rôle clé dans les campagnes de sensibilisation au niveau national, maintenant le paludisme au cœur des priorités de développement et de financement.
Enfin, les dirigeants africains ont exhorté les États membres de l’Union africaine à donner la priorité à la santé, en utilisant le paludisme comme point d’entrée pour obtenir des financements auprès de la Banque mondiale et d’autres institutions internationales. Ils ont plaidé pour un réapprovisionnement suffisant de l’AID, de Gavi et du Fonds mondial, soulignant que ces ressources sont cruciales non seulement pour l’élimination du paludisme, mais aussi pour renforcer les systèmes de santé et lutter contre d’autres maladies comme les MTN.