Le ministre d’État en charge de l’Administration territoriale, Abdoulaye Maïga, s’est distingué par une posture plus modérée, mais n’a pas manqué d’accuser directement certaines nations de complicité avec le terrorisme qui affecte le Mali.
En faisant référence à l’histoire de la Charte des Nations Unies, Maïga a salué la pertinence du thème de la 79ᵉ Assemblée générale, qui traite de la promotion de la paix, du développement durable et de l’avenir des générations futures. Cela lui a permis d’aborder la crise multidimensionnelle complexe qui frappe le Mali depuis 2012, ainsi que ses conséquences sur l’intégrité territoriale et les nombreuses victimes innocentes. Il a attribué cette crise à une « alliance à la fois incestueuse et opportuniste entre groupes terroristes et groupes armés », tout en soulignant que ses origines remontent à l’intervention militaire de l’OTAN en Libye, laquelle a provoqué une exacerbation de l’insécurité, du terrorisme, et des trafics en tous genres, y compris le blanchiment d’argent. Il a également dénoncé la manipulation des conflits communautaires par ces groupes terroristes et leurs soutiens étrangers, ainsi que les actes de violence commis par des individus isolés.
Une approche qui porte ses fruits
Selon le ministre, l’échec des forces internationales a justifié la décision des autorités maliennes de reprendre leur destin en main en mettant fin aux missions de la MINUSMA et de Barkhane. De même, les autorités de transition ont opté pour une nouvelle dynamique inter-malien visant la paix et la réconciliation, plutôt que de suivre l’Accord d’Alger.
Aux yeux de Maïga, cette option a été couronnée de succès. Il en veut pour preuve les actions militaires menées de façon autonome par les Forces de défense et de sécurité maliennes, qui ont permis de reprendre toutes les localités occupées par les groupes armés, y compris la ville de Kidal. Toutefois, il reconnaît que la solution militaire seule ne suffit pas. Il évoque alors l’élaboration d’une « stratégie globale et intégrée » incluant la restauration de l’autorité de l’État, des mesures politiques et économiques, un dialogue avec les groupes armés, ainsi que la fourniture de services sociaux de base à la population.
Des accusations contre Paris, Kiev et Alger
Maïga a également insisté sur le soutien présumé de certains États étrangers aux groupes terroristes. Il a notamment accusé l’Ukraine de violer la Charte des Nations Unies et de jouer un rôle dans une attaque terroriste contre les Forces de défense maliennes en juillet 2024 à Tinzawatène, dans la région de Kidal. Cette accusation, selon lui, s’inscrit dans la continuité d’une précédente lettre adressée au Conseil de sécurité par les pays membres de l’AES, dénonçant une ingérence étrangère et un soutien au terrorisme international.
Le ministre malien a également rappelé une lettre de 2022 dans laquelle le Mali accusait la France d’agressions, soulignant trois formes de terrorisme présumées : armé, économique et médiatique. Bien qu’il ait épargné le président algérien Abdelmadjid Tebboune, qu’il a salué pour son panafricanisme et son amitié envers le Mali, Maïga n’a pas hésité à critiquer sévèrement d’autres responsables algériens. Il a reproché au ministre algérien des Affaires étrangères et au représentant permanent d’Alger à l’ONU leurs critiques concernant la résiliation de l’Accord d’Alger et l’utilisation par l’armée malienne de drones aux frontières algériennes. Maïga a qualifié ces positions d’ingérence grave dans les affaires intérieures du Mali, affirmant que son pays ne resterait pas passif face aux attaques et aux mots déplacés.
Cette fermeté s’appuie sur la montée en puissance des Forces armées maliennes (FAMa), qui, selon Maïga, ont concrètement repris le contrôle de l’ensemble du territoire national. Cependant, la question reste de savoir si cette tentative de dissocier le président algérien des autres responsables permettra d’éviter les tensions avec un voisin dont l’implication dans le conflit malien est bien réelle. Cette situation est d’autant plus complexe que le Mali avait déjà accusé, lors d’un sommet des Non-Alignés, l’Algérie d’hostilité et d’ingérence dans ses affaires internes.