L’économiste malien Étienne Fakaba Sissoko, directeur du Centre de recherche et d’analyse politiques, économiques et sociales (CRAPES), a comparu ce lundi 7 octobre 2024 devant la Cour d’appel de Bamako lors d’une audience de demande de mise en liberté. Le verdict, attendu pour le 14 octobre, est au centre de toutes les attentions, marquant un tournant décisif pour cet intellectuel ainsi que pour la liberté d’expression au Mali. Inculpé pour atteinte au crédit de l’État, injures envers les autorités et diffusion de fausses informations, Étienne Fakaba Sissoko espère une libération après sa condamnation en mai dernier à deux ans de prison, dont un an ferme, et une amende de trois millions de francs CFA.
Les ennuis judiciaires de Sissoko ont commencé après la publication de son ouvrage « Propagande, Agitation, harcèlement : La communication gouvernementale sous la transition ». Dans cet essai, il critique sévèrement les stratégies de communication des autorités de transition maliennes, qu’il qualifie de propagandistes et manipulatrices. L’économiste y examine également les tensions avec la communauté internationale, une analyse qui a conduit à son arrestation en mars 2024. Selon ses partisans, ces accusations visent principalement à réduire au silence une voix critique.
Depuis son arrestation, plusieurs organisations de défense des droits humains, dont Amnesty International, ont réclamé sa libération immédiate, dénonçant ce qu’elles considèrent comme une utilisation abusive de la justice. « Les accusations portées contre Sissoko sont sans fondement et ne servent qu’à museler une critique légitime contre le régime de transition », a déclaré un représentant d’Amnesty International.
Les conditions de détention de Sissoko, marquées par des transferts répétés entre plusieurs établissements pénitentiaires, sont également dénoncées comme une forme de pression psychologique visant à l’affaiblir. Actuellement incarcéré à la prison centrale de Kénioroba, située à environ 80 km de Bamako, il subit un isolement accentué par la difficulté pour ses proches de lui rendre visite.