Lors des célébrations du 64e anniversaire de l’indépendance du Mali, le président de la transition, Colonel Assimi Goïta, a annoncé une grâce présidentielle accordée à 390 détenus. Cette mesure, prise à travers un décret en faveur de 64 d’entre eux, vise à atténuer la surpopulation carcérale chronique tout en envoyant un signal fort en faveur de la réhabilitation et de la réinsertion sociale.
Le Mali, confronté à des défis sécuritaires et économiques majeurs, doit également faire face à des problèmes structurels au sein de son système pénitentiaire. Les prisons, souvent en mauvais état et dépassées par le nombre de détenus, peinent à offrir des conditions de détention acceptables. Dans son rapport de 2024, la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) a une fois de plus tiré la sonnette d’alarme sur les violations des droits des détenus, dénonçant le manque de soins médicaux, les mauvais traitements physiques et l’absence de respect des standards minimaux en matière de dignité humaine. Le président de la CNDH a souligné la nécessité de réformes structurelles profondes pour améliorer un système pénitentiaire qui fonctionne bien au-delà de ses capacités.
Cette grâce présidentielle permet non seulement de réduire la pression sur les infrastructures carcérales, mais répond aussi à un impératif humanitaire. Cependant, elle n’est pas accordée à l’ensemble des détenus. Seuls ceux ayant fait preuve de bonne conduite et d’un véritable amendement en ont bénéficié. Les personnes condamnées pour des crimes graves, tels que le terrorisme ou le blanchiment d’argent, ont été exclues de cette mesure. Le ministère de la Justice malien, en collaboration avec la présidence, a examiné plus de 500 dossiers avant de sélectionner les 390 bénéficiaires, garantissant ainsi que cette clémence ne mette pas en péril la sécurité publique.
« Nous avons soigneusement exclu de la liste toutes les personnes impliquées dans des crimes graves ou des réseaux criminels », a précisé Mahamadou Kassogué, ministre de la Justice et des Droits de l’Homme. Il a également ajouté que « l’équilibre entre les droits des victimes et les mesures de clémence est crucial ».
Pour certains observateurs, cette initiative, au-delà de son objectif de désengorgement des prisons, contribue également à renforcer la réconciliation nationale dans un contexte de tensions internes.