La société Albatros, partenaire énergétique des autorités maliennes depuis 2019, pourrait bientôt perdre son statut de fournisseur d’électricité pour Énergie du Mali (EDM). La ministre Bintou Camara a récemment envoyé une lettre à Albatros pour notifier la résiliation de son contrat, invoquant un cas de force majeure. Cependant, des sources bien informées suggèrent que la véritable raison réside dans les difficultés liées à la rentabilité du contrat et au rendement insuffisant de la centrale de Kayes, d’une capacité de 100 mégawatts.
L’État malien est responsable de l’approvisionnement en millions de litres de fuel lourd pour faire fonctionner la centrale, ce qui représente un coût considérable. De plus, les termes du contrat « take or pay » obligent l’État à payer Albatros même en cas de non-consommation de l’électricité produite. Deux facteurs aggravent cette situation : la mauvaise qualité des installations de transport d’énergie, qui ne peuvent supporter la puissance produite, et l’incapacité de l’État à fournir les quantités d’hydrocarbures nécessaires en raison d’une dette importante envers les fournisseurs. En conséquence, la centrale est à l’arrêt depuis un certain temps, bien que l’État continue de payer pour maintenir le contrat jusqu’à son expiration, lorsque les installations devraient lui revenir.
Malgré cet arrêt, Albatros a perçu 15 milliards de francs CFA, bien que ses machines ne fonctionnent plus depuis 2022. C’est probablement pour mettre fin à cette situation financièrement intenable que la ministre Camara a entrepris de résilier le contrat. Cependant, cette décision pourrait être prématurée et inappropriée, car la responsabilité de la résiliation incomberait en réalité au ministère des Finances, qui est également en charge de l’évaluation des conséquences économiques. En outre, l’argument de la « force majeure » est contesté, car ce motif n’est valable que si le contrat n’a pas pris effet 180 jours après sa signature.
Cette résiliation pourrait exposer le Mali à des conséquences juridiques et financières importantes, d’autant plus que des partenaires financiers internationaux comme la Banque islamique de développement (BID) et la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) sont impliqués dans le projet. De plus, même si la résiliation était acceptée par Albatros, elle se ferait à perte pour l’État malien, qui renoncerait ainsi aux bénéfices du contrat « take or pay », notamment la récupération des investissements du fournisseur à la fin du contrat.