Stockholm a pris acte de la décision des autorités maliennes d’expulser leur ambassadeur à Bamako et évalue actuellement les mesures à adopter en réponse à cet événement.
La Suède a exprimé sa profonde inquiétude suite à la décision du Mali demandant à son ambassadeur, Kristina Kuhnel, de quitter le pays. Dans une déclaration officielle le 9 août 2024, le ministre suédois des Affaires étrangères, Tobias Billström, a confirmé que le gouvernement suédois a pris note de cette décision et qu’il examine les actions à entreprendre en réponse.
Cette situation survient après que la Suède a annoncé le 8 août dernier son intention de mettre fin à son aide au développement au Mali et de fermer son ambassade à Bamako d’ici la fin de 2024.
Un contexte de tensions croissantes
Cette crise diplomatique s’inscrit dans un contexte de tensions accrues entre les deux pays. Tout a commencé en juin 2024, lorsque la Suède a annoncé la fermeture de ses ambassades au Mali et au Burkina Faso, citant la détérioration de la sécurité dans ces deux nations.
Cette décision faisait suite à l’aggravation de la situation sécuritaire dans la région, marquée par la montée en puissance de groupes armés et l’instabilité politique, rendant de plus en plus difficile le maintien de la présence diplomatique suédoise.
Cependant, ce qui a véritablement enflammé la situation a été la réaction du Mali aux propos du ministre suédois de la Coopération internationale et du Commerce extérieur, Johan Forssell. Celui-ci avait exprimé son mécontentement face à la rupture des relations diplomatiques entre le Mali et l’Ukraine, critiquant cette décision et affirmant que la Suède ne pouvait plus soutenir un pays qui adopte une position favorable à l’agression russe en Ukraine, tout en recevant des millions de couronnes suédoises en aide au développement.
En réponse, le gouvernement malien a déclaré l’ambassadeur suédois persona non grata et exigé son départ sous 72 heures, motivé par ce qu’il considérait comme des propos hostiles du ministre suédois, perçus comme une ingérence dans les affaires internes du Mali.
Un avenir incertain pour les relations suédo-maliennes
Alors que le gouvernement suédois évalue les prochaines étapes, les relations entre la Suède et le Mali semblent être à un point de non-retour. Le Mali, qui ne dispose pas de mission diplomatique à Stockholm, se retrouve désormais sans représentation suédoise sur son territoire, compliquant encore davantage les perspectives de dialogue et de coopération entre les deux nations.
Cette situation s’inscrit dans un contexte plus large où les relations entre les pays européens et les États du Sahel deviennent de plus en plus tendues, en raison des divergences sur les questions de sécurité, de développement, et des alliances géopolitiques.
Le retrait de la Suède du Mali et du Burkina Faso pourrait signaler un réalignement des priorités suédoises en Afrique de l’Ouest. Stockholm a déjà annoncé son intention d’ouvrir une nouvelle ambassade à Dakar en 2025, en coopération avec le Sénégal.
La décision du Mali de rompre ses relations diplomatiques avec l’Ukraine, qu’il accuse de soutenir des groupes rebelles, a également suscité des réactions internationales, avec le Niger qui a suivi l’exemple malien en rompant lui aussi ses liens avec Kiev.
Cette dynamique de rupture des relations avec l’Ukraine semble avoir des répercussions sur la coopération internationale dans la région, exacerbant les tensions existantes et isolant davantage le Mali sur la scène diplomatique.
La situation reste donc incertaine, et les jours à venir seront déterminants pour savoir si une escalade peut être évitée ou si une nouvelle crise diplomatique se profile entre la Suède et le Mali.